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mis longtemps à identifier clairement quelque chose qui me tracassait et qui « ne
collait pas » tout à fait dans cette opposition apparemment frontale et
clairement délimitée entre les partisans et les opposants à la légalisation de
l’union homosexuelle.
I.
Je vais droit au but : c’est l’autosatisfaction béate de nombreux
« catholiques sociologiques » (1)
qui semblaient absolument persuadés de dominer moralement tous ces pêcheurs
invertis qui sonnait très faux et qui me posait question.
En effet, qu’a été Vatican II si ce n’est
l’introduction dans l’Église d’un humanisme relativiste, d’un moralisme
invertébré ? Et comment cet humanisme si malléable permettait-il tout soudainement
aux cathos bobos d’avoir des certitudes sur un sujet qui relève de la théologie
morale la plus pointue, discipline à laquelle ils n’ont guère le temps de se
frotter entre leurs séances de psychanalyse et leur agapes charismatiques ?
Pour aller encore un peu plus loin, j’avais parfois au fil des commentaires ou
des « interviews », l’impression de voir des pharisiens frétillants
d’aise d’avoir, enfin, trouvé des prostituées à flétrir. Ce n’est pas si simple mais je garde cette idée en réserve.
II.
Ces invertis, transgenres et autres (on ne sait jamais trop avec eux !)
qui sont-ils donc ?
J’esquisse une classification. D’abord les métiers traditionnellement efféminés.
Rien de nouveau sous le soleil sauf qu’avec l’importance prise par
l’esthétique, la mode ils sont plus nombreux, un peu plus exubérants et démonstratifs.
Ce qui est nouveau par contre et beaucoup plus inquiétant à priori, ce sont les
meneurs prosélytes, liés directement ou indirectement aux sphères mondialistes :
politiciens, « décideurs », gens de médias. C’est « l’internationale rose ».
Mais, surtout, et cela on ne l’a pas assez
vu, tout en bas de l’échelle sociale, une foultitude de jeunes garçons et
filles dont l’identité, certes « invertie », apparaît fragile et précaire
et semble avoir été comme fabriquée, comme construite directement sur commande
pour et par cette société capitaliste mondialisée. J’irais jusqu’à dire : semble avoir été construite et fabriquée à
l’insu de leur volonté.
III.
La généralisation assez stupéfiante de ces identités incertaines, dans l’ordre
sexuel mais aussi indissociablement dans l’ordre du fonctionnement affectif et
cognitif, n’est pas de l’ordre de la génération spontanée. On n’a pas assez
remarqué que la caractéristique essentielle de la plupart de ces LGBT (Lesbiennes,
gays, bisexuels et transgenres) n’est pas l’identité sexuelle déviante, mais bien
la volubilité mentale, l’irrationalité
dans l’ordre social et politique (qui n’est pas incompatible avec un sens
pratique très développé), parfois le cynisme
facile, l’irresponsabilité revendiquée.
IV.
On peut dire sans crainte d’être démenti qu’au cours du XXe siècle la recherche
exacerbée et démentielle du profit capitaliste ne s’est pas arrêtée au seuil
des atteintes à l’intégrité de la conscience humaine.
Pour assurer la poursuite de ce processus
de production de profits réservés à ce qu’on a nommé l’hyper-classe, il n’y
avait qu’un moyen : « domestiquer » les consommateurs solvables
(seuls les consommateurs solvables intéressent les financiers) et s’assurer de
leur docilité à consommer à outrance des productions superflues, voire
aliénantes et infantilisantes.
On a reconnu ici l’immense domaine que l’on
désigne classiquement sous le nom d’industrie culturelle : grosso modo on
peut dire que c’est, aux antipodes de la culture qui suppose discernement et
assimilation lente, une culture désamorcée, affadie et neutralisée qui n’est
plus ni la culture supérieure, altière et éloquente, ni la culture populaire,
vivante et drôle. Presque toute la production « médiatique » rentre
dans cette catégorie, ainsi que l’art dit contemporain. Le concept d’industrie
culturelle est beaucoup plus précis cependant que celui de « médias » :
il évoque bien la quasi impossibilité
d’échapper à cette immense emprise et surtout la mécanisation de l’esprit
corrélative de cette domestication.
V.
Il n’est pas difficile alors de saisir que c’est bel et bien l’industrie
culturelle qui a induit, qui a « téléguidé » si l’on veut, la
« production » (il est difficile de parler autrement) de ces nouvelles
identités : gays, bis, trans et ainsi de suite.
Les nouvelles identités sont comme
« sculptées » à distance par les industries du cinéma, du disque, des
magazines. Industries extrêmement
lucratives en elles-mêmes, mais surtout industries de « fabrication »
d’individus maintenus au niveau des problèmes interindividuels et du
sensualisme, consommateurs non critiques, apathiques, amorphes de tout ce que
proposera le marché.
VI.
On sait évidemment que dans les établissements financiers les fonds des
différents dépositaires sont mêlés et qu’ils sont investis dans les domaines qui
apparaissent alors les plus rentables et qui peuvent être les plus divers.
C’est l’une des différences essentielles entre le capitalisme industriel et le
capitalisme financier ; entre l’argent investi dans une production repérable
et identifiable et l’argent investi de manière obscure dans les productions les
plus rentables quelles qu’elles soient. Il existe quelques exceptions et certaines
charges assurent par exemple que les fonds placés ne seront investis dans le
domaine de la recherche pharmaceutique que dans le capital des laboratoires utilisant
et développant des méthodes substitutives à l’expérimentation animale. C’est
très bien ainsi, mais de telles possibilités d’affecter des fonds d’une manière
éthique sont rarissimes, infimes.
On
n’exagère donc pas si l’on pose qu’au sein du capitalisme financier, les fonds
de tout investisseur peuvent servir à tout, et à n’importe quoi.
VII.
On voit maintenant le paradoxe qu’il
fallait parvenir à pointer : une « bourgeoisie catholique
moderniste » pleinement intégrée au capitalisme et pleinement autosatisfaite,
imperturbablement souriante, se rengorge de sa haute moralité, plastronne,
pontifie et finalement désigne du doigt une population de pêcheurs qui n’a pu
être formée comme telle que par le truchement d’une industrie culturelle
devenue indispensable au fonctionnement du capitalisme, et aux bénéfices de
laquelle la dite bourgeoisie émarge d’une manière à la fois inévitable et
insaisissable !
Industrie culturelle lointaine et anonyme
mais d’une efficacité plombante qui n’existe, qui ne peux exister que par
l’intermédiaire de mécanismes bancaires anonymes et glacés.
Ces cathos
bobos qui ont de si jolies familles, de si beaux enfants, qui sont
tellement à la mode et tellement branchés (y compris en théologie et mystique
de pacotille) et qui paradent de leur normalité face à ces horribles dépravés,
s’ils vivent aussi aisément, s’ils « bénéficient » de si bons « placements »,
c’est, inévitablement, pro parte, parce qu’il y a commercialisation
industrielle de musiques et autres produits infra-culturels aliénants. Manifester
contre les jeunes « dégénérés » « accros » à cette musique
et à cette infra-culture, sur la commercialisation desquelles ils émargent discrètement,
ne semble pas leur poser de problèmes de conscience.
Je suis sincèrement confus de venir gâcher
ainsi les fêtes de famille de l’autosatisfaction niaise. Mais on se souvient
peut être que la famille n’est malgré tout qu’une société imparfaite.
Et
que le plus haut degré d’exercice de la charité est la charité politique.
VIII.
L’humanisme confusionniste qui a
pris la place de la morale constituée permet, entre autres, de dissimuler sous
un nuage de baratins creux à prétention morale l’actualisation et l’effectivité
de pêchés d’ordre économique et usuraire, sans doute trop longtemps confinés
dans la sphère judéo-protestante au goût de nos chers modernistes, et qui ont
l’immense avantage de se commettre de manière anonyme. Je veux parler bien sûr
de la participation aux mécanismes d’usure spécifiques au capitalisme libéral financier
qui s’exercent par l’intermédiaire de structures ad hoc que les juristes voués
à cette cause ont permis de diversifier à l’envi mais qui ont pour
caractéristique commune de permettre de se livrer à des formes élaborées et
très complexes d’usure injuste d’une manière on ne peut plus discrète et
distanciée.
Mais, au-delà, on ne semble pas avoir
remarqué que ces pêchés dans l’ordre usuraire apparaissent sous une toute autre
perspective lorsqu’on ose les mettre en relation avec cette sombre nécessité du
capitalisme mondialisme pourrissant : l’abrutissement, l’avilissement et
le détraquement des individus par l’industrie culturelle.
J’évoquais
plus haut les jeunes « invertis », ni méchants, ni prosélytes, plutôt
emportés par un procès de déclension mondialiste qui les dépasse totalement. Que
celui qui est convaincu de ne participer pas aux circuits financiers de
l’industrie culturelle aliénante et décivilisatrice leur jette la première
pierre !
Note
(1) Je rappelle que les sociologues ont
dénommé ainsi dans les années 1960 les pratiquants occasionnels pour lesquels
la religion est devenue une sorte de rituel mondain.