Arrivée du contingent nigérian à Bamako |
Les
soldats français et africains affluent au Mali, où la Mission internationale de
soutien au Mali (Misma) doit prendre la relève de l'armée française, en
fonction d'un calendrier encore imprécis. État des lieux sur les forces
effectivement déployées et celles que la France et plusieurs pays africains
prévoient d'envoyer, aux côtés de l'armée malienne, pour venir à bout des
islamistes armés au nord du pays.
Les
effectifs militaires français déployés au Mali sont passés ces derniers jours
de 1 800 à 2 000 hommes, pour une force totale annoncée de
2 500 soldats, la plus importante opération aéroterrestre engagée hors des
frontières françaises depuis l'Afghanistan. Or, ces effectifs pourraient être
encore plus importants.
Jean-Yves
Le Drian, le ministre français de la Défense, a en effet fait ce décompte le
19 janvier à l'antenne de France 3 Bretagne : « Il y a aujourd’hui 2
000 militaires français au sol au Mali et l’opération Serval regroupe environ 2
900 militaires à cet instant, puisque vous avez des éléments à Ouagadougou, à
Niamey et à Dakar (…). On dépassera peut-être les 2 500 militaires annoncés sur
le site, ça fera environ 4 000 militaires qui seront mobilisés pour cette
opération.»
LE DÉPLOIEMENT DES
FORCES OUEST-AFRICAINES A COMMENCÉ
Quelque
2 000 soldats africains sont également attendus au Mali d'ici le
26 janvier, sur un total qui pourrait dépasser les 5 800 militaires
africains (Tchadiens compris). Un chiffre annoncé à l'issue du sommet des chefs
d'État de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui
s'est tenu le 19 janvier à Abidjan, mais qui va sans doute être revu à la
hausse, plusieurs pays ayant décidé d'envoyer plus de troupes que prévu.
LE TCHAD
SUR LE PIED DE GUERRE
Rentrant d'Abidjan où il a participé au sommet
extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest
(Cédéao) sur le Mali, le président tchadien Idriss Déby Itno a fait étape
dimanche à Niamey où il a rendu visite au contingent tchadien dépêché sur
place.
C’est sur le tarmac de l’escadrille nationale de
Niamey que le président Idriss Déby a rencontré le contingent tchadien, prêt
à marcher sur le nord du Mali. Pourquoi 2 000 hommes loin des frontières tchadiennes
? « C’est une projection qui se fait sur 3 000 kilomètres. Donc je ne
peux pas m’amuser à envoyer une petite unité qui va être avalée, sans
renfort, une unité qui n’est pas capable à elle seule de se défendre, de
faire donc sa mission. C'est ce qui m’a motivé à envoyer 2 000 hommes »,
explique le chef de l'Etat.
Le colonel Youssouf Taïro , commandant du contingent
tchadien, nous présente ici son matériel : « Le matériel que vous
avez vu ici est du matériel de blindé, bien efficace, bien sélectionné.
C’est-à-dire qu’on a tous les calibres ici. Le moral est bon, on est prêt à
combattre nuit et jours, on est vigilants chaque heure, chaque seconde. »
Enturbanné dans son chèche saharien, un des soldats
tchadiens, lance : « Si les islamistes du nord du Mali sont des
fous de Dieu, nous trouverons plus fou qu’eux dans quelques jours dans le
Sahara malien. »
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Huit
nations ouest-africaines (Bénin, Burkina, Ghana, Guinée, Niger, Nigeria,
Sénégal, Togo) ont annoncé l'envoi de contingents, dont le déploiement a
commencé. Une centaine de Togolais sont arrivés le 17 janvier à Bamako,
sur les 750 militaires que Lomé prévoit d'envoyer. Quelque 55 soldats béninois
étaient arrivés dimanche soir au Mali, sur une force qui doit atteindre 650
hommes, a annoncé le 20 janvier le président béninois Boni Yayi
- au lieu des 300 hommes d'abord prévus.
Un
premier bataillon nigérian de 100 recrues s'est envolé le 17
janvier de Kaduna, au nord du Nigeria, sur une force totale de 1 200
hommes promise le 18 janvier. Nettement plus, là encore, que les 900
soldats initialement annoncés. « Notre sécurité nationale fait face à un
danger imminent, en raison de la crise dans le nord du Mali », a estimé le
président Goodluck Jonathan, dans sa lettre au Sénat demandant d'avaliser
ce déploiement plus important. Les islamistes de Boko Haram, une secte qui multiplie
les attentats au nord du Nigeria, ont été entraînés au nord du Mali par les
combattants d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), rappellent les autorités
d'Abuja.
Quelque
60 soldats sénégalais sont arrivés au Mali le dimanche 20 janvier, sur une
force totale de 500 hommes finalement promise par Dakar. Le Sénégal
s'était d'abord montré réticent à envoyer des troupes dans le bourbier malien. Le
président Macky Sall avait expliqué en juillet 2012 que des contingents de son
pays étaient déjà déployés ailleurs, en Côte d'Ivoire, en République
démocratique du Congo (RDC), au Soudan et en Guinée-Bissau. Le Sénégal avait encore démenti le
11 janvier avoir des troupes combattantes au sol au Mali, comme l'avait affirmé
un porte-parole de l'armée malienne. Les pressions amicales de la France
ont-elles joué ? Dakar a en tout cas décidé, le 16 janvier, de participer
à l'effort militaire ouest-africain.
LES PAYS CONTRIBUTEURS
ET CEUX QUI RESTENT EN RETRAIT
Le Burkina
Faso et le Niger ont annoncé des contributions respectives de
500 hommes à la Misma, tandis que la Guinée s'est engagée à hauteur
de 120 à 144 hommes, selon les sources. Quant au Ghana, il a fait
un revirement et oublié ses premières réticences, en promettant le 13 janvier
d'envoyer 120 hommes au Mali. Le déploiement effectif des soldats de ces quatre
pays est encore attendu.
De
son côté, la Côte d'Ivoire ne s'est pas formellement prononcée sur l'envoi de
troupes au nord du Mali. Une décision que réclame le Front
populaire ivoirien (FPI). Mais le président ivoirien Alassane Ouattara,
qui a brandi la menace d'une intervention militaire de la Cédéao au Mali dès le
lendemain du putsch du 22 mars 2012, est-il en mesure d'envoyer des
troupes ivoiriennes ? La Côte d'Ivoire est elle-même en butte à la
désorganisation de son armée - actuellement en restructuration - et
confrontée à des problèmes sécuritaires. Quelque 11 000 casques
blancs des Nations unies sont d'ailleurs toujours déployés dans le pays, dans
le cadre de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
La
Mauritanie, elle, s'en tient à sa décision initiale, annoncée en août
2012, de ne pas participer à une force internationale au Mali. Même si
Nouakchott considère Aqmi comme un problème de sécurité intérieure, le groupe
terroriste ayant beaucoup recruté à ses débuts parmi de jeunes Mauritaniens. La
Mauritanie a été le pays le plus actif au nord du Mali sur le plan militaire,
multipliant les raids aériens ces dernières années contre des convois d'Aqmi,
et essuyant en retour des attentats d'Aqmi. Mais le général Mohamed
Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, ne souhaite pas s'impliquer dans une
force ouest-africaine de la Cédéao, une communauté dont son pays ne fait pas
partie. Nouakchott a cependant pris soin de sécuriser sa frontière avec le
Mali.
L'IMPORTANT RENFORT
TCHADIEN
Le Tchad a
déjà envoyé le 16 janvier à Niamey, la capitale du Niger, 200 éléments de
ses forces spéciales, sur un total annoncé de 2 000 hommes. Ces
forces devraient être déployées avec les troupes nigériennes le long de la
frontière entre le Niger et le Mali. Le Tchad, qui n'est pas membre de la
Cédéao, fournira donc les effectifs les plus nombreux après la France. Ce
pays a été sollicité d'abord par Paris, puis par le président intérimaire malien Dioncounda
Traoré, pour venir renforcer le dispositif international, en raison de l'expérience
de son armée dans un terrain désertique aux conditions climatiques difficiles.
Avec
RFI