L'intersyndicale de
Florange se rendra ce soir à Matignon pour être reçue par le Premier ministre
Jean-Marc Ayrault. Au programme des discussions : l'accord signé le
vendredi 30 novembre entre le gouvernement et ArcelorMittal sur l'avenir des
hauts-fourneaux.
Les
syndicats doutent encore beaucoup de son efficacité et de l'engagement réel du
sidérurgiste. L'ambiance de ces
discussions risque d'être tendue. Jusqu'à hier encore, certains syndicalistes
laissaient planer le doute sur leur intention de se joindre aux discussions, tant
leur confiance dans cet accord est fragile.
Seul
point positif, les 629 salariés des hauts-fourneaux seront reclassés sur la
base exclusive du volontariat.
D'autre
part, les hauts-fourneaux resteront en activité puisque le site poursuivra le packaging
(production de canettes et boîtes de conserve). Mais pour cela, certaines
opérations amont et aval seront transférées d'autres sites français
d'ArcelorMittal à celui de Florange, notamment de ceux de Basse-Indre en
Loire-Atlantique et d'Ebange, à côté de Florange. « On déshabille Pierre
pour donner à Jacques. Ce n'est pas ce que nous voulons en tant que
syndicalistes. Tous ces gens sont nos collègues et cette solution n'est pas
satisfaisante », colère Walter Broccoli, délégué de Force ouvrière (FO) à
Florange. Cette activité packaging sera maintenue cinq ans.
ArcelorMittal
s'est aussi engagé à investir 180 millions d'euros dans le site de Florange.
Une promesse qui laisse sceptique les syndicats : « Dans une
entreprise comme la nôtre, il y a des investissements minimum prévus tous les
ans. Et lorsque l'on regarde sur cinq ans, cela équivaut à cette somme alors je
ne comprends pas trop ce que sont ces 180 millions », ajoute Walter
Broccoli.
ULCOS,
OU COMMENT SAUVER L'HONNEUR
ArcelorMittal
attend aussi de savoir si Florange obtiendra le projet Ulcos, qui en ferait un
site pilote pour le captage et l'enfouissement du CO2. Cette nouvelle technique
est au cœur du plan de sauvetage.
Mais
rien n'est assuré. D'abord, la réalisation du projet dépend d'une décision de
la Commission européenne qui sera rendue le 20 décembre. Florange est en
compétition avec trois autres sites européens.
D'autre
part, il s'agit d'un projet de production d'acier propre, hautement
expérimental. D'ailleurs, dans l'accord, le sidérurgiste marche sur des œufs
puisqu'il stipule que « l'état actuel des résultats de la recherche ne
permet pas de passer directement sur le démonstrateur industriel de Florange. »
« Le
gouvernement, au dernier moment, a essayé d'obtenir que le groupe ne ferme pas
complètement la porte sur le projet Ulcos. Mais quand on lit entre les lignes,
c'est "peut-être, si la situation économique s'améliore", et ce
n’est pas pour 2014 mais plutôt pour 2017-2018. Donc c'est un coup sorti du
chapeau pour que le Premier ministre s'en sorte le mieux possible »,
déplore Xavier Lecoq de la CFE-CGC.
L'AVENIR
DE LA SIDÉRURGIE FRANÇAISE
Les
syndicats voudraient donc qu'à Matignon l'avenir du secteur sidérurgique soit
réellement abordé. Pour l'heure, l'accord de vendredi ressemble à un pansement
plus qu'à un plan industriel d'envergure. « Clairement, c'est une rustine,
une négociation avec un grand groupe qui peut adoucir la transition mais qui ne
remet pas la sidérurgie française sur une trajectoire de long terme avec un
projet qui s'inscrit dans une cohérence nationale. Basculer sur une nouvelle
technologie représente de très lourds investissements. Remettre en place une
filière, c'est redéfinir toute la chaîne et c'est probablement avoir un plan
national et européen », explique Olivier Passet, directeur de la synthèse
économique du cabinet d'études Xerfi.
Le Canard
enchaîné révèle ce mercredi 5 décembre qu'ArcelorMittal devrait couper
l'alimentation en gaz des hauts-fourneaux à l'issue de la procédure légale,
c'est-à-dire fin mars. Une fois refroidis, les hauts-fourneaux seront
condamnés.
Avec
RFI