Pendant que chez nous beaucoup
d’enseignants se tirent une balle dans le pied, quelque 200 enseignants de
l'Utah viennent de suivre une formation au maniement des armes à feu dispensé
par des professeurs de tir. Ils se disent convaincus qu'armer les enseignants
est un moyen d'éviter que ne se reproduise une tragédie semblable à la tuerie
de Newtown, dans le Connecticut.
Habituellement,
cette formation annuelle organisée par l'Utah Shooting Sports Council attire
une quinzaine d'enseignants seulement. Mais cette année, les demandes
d'inscription ont afflué et les organisateurs n'ont pu en accepter que 200 du
fait de capacités d'accueil limitées.
Parmi
eux, Kasey Hansen, enseignante à Salt Lake City, la capitale de l'Utah. "J'ai
l'impression que je pourrais prendre une balle à la place d'un de mes
élèves", confie-t-elle à Reuters.
Mais
après cette formation, elle ajoute: "Si nous devions un jour être
confrontés à un tireur comme celui du Connecticut, je serais absolument prête à
riposter avec mon arme à feu."
Elle
projette d'acheter rapidement une arme et de l'amener avec elle à l'école de
district où elle enseigne.
DES GARDES ARMÉS DANS
CHAQUE ÉCOLE
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En
ouvrant le feu le 14 décembre dernier dans l'école primaire Sandy Hook de
Newtown, Adam Lanza a tué 26 personnes, dont douze fillettes et huit petits
garçons âgés de six et sept ans. Il a aussi relancé un débat national sur le
droit, garanti par le Deuxième Amendement de la constitution, de détenir des
armes à feu.
Barack
Obama a apporté son soutien à une proposition de la sénatrice démocrate Dianne
Feinstein visant à rétablir l'interdiction des armes d'assaut qui fut en
vigueur entre 1994 et 2004.
En
face, la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby de l'industrie des
armes à feu, a rejeté toute mesure visant à renforcer le "gun
control" et s'est prononcée pour la présence de gardes armés dans chaque
école.
"Le
seul moyen d'arrêter un méchant armé d'un revolver, c'est un gentil armé d'un
revolver", a expliqué la semaine dernière Wayne LaPierre, le président de
la NRA, lors de sa première intervention en public après la tuerie de Newtown,
présentant un projet de "bouclier national scolaire".
L'Association
nationale de l'éducation, de même que plusieurs responsables académiques, se
sont élevés contre ce projet. Dans certains Etats, en revanche, notamment dans
l'Ouest américain où la chasse et le tir sportif sont particulièrement prisés,
il a reçu un accueil positif.
L'Utah
est l'un des rares Etats du pays dont la législation autorise des enseignants
ayant une licence de port d'armes à venir armés à l'école, selon la National
Conference of State Legislatures.
DES POLICIERS ÉTAIENT
PRÉSENTS AU LYCÉE COLUMBINE
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En
Arizona, l'Attorney General (ministre de la Justice) Tom Horne a proposé
mercredi que son Etat adopte des dispositions similaires. Il suggère que chaque
école soit habilitée à former et à armer son directeur ou un autre membre du
personnel.
"La
solution idéale serait d'avoir un officier de police armé dans chaque école
(...) Cependant, du fait de considérations budgétaires, les autorités ont dû
réduire ce programme. Du coup, la meilleure solution disponible serait d'avoir
dans chaque école une personne formée au maniement des armes à feu afin de
faire face aux situations d'urgence", a-t-il expliqué, en comparant son
projet à ce qui se fait dans certaines compagnies aériennes.
Pour
les avocats d'un renforcement du contrôle sur les armes, armer les enseignants
revient à se tromper de perspective.
"Nous
pensons qu'il est beaucoup plus sensé d'éviter qu'un tireur ne se procure une
arme", a déclaré Kristen Rand, du Violence Policy Center (VPC) de
Washington.
Réagissant
à la proposition de la NRA, ce centre d'études avait rappelé que la solution de
gardes armés dans les écoles a déjà été testée et qu'elle n'a pas fonctionné: "Il
y avait deux agents de police armés au lycée Columbine lorsque l'attaque menée
par Eric Harris et Dylan Klebold a fait 15 morts et 23 blessés (en avril 1999).
Ils ont fait feu à deux reprises sur Eric Harris pour tenter de stopper la
tuerie mais sans succès parce qu'ils étaient dépassés par la puissance de feu
des fusils d'assaut des deux adolescents", a déclaré Josh Sugarmann, le
directeur du VPC, qui réclame l'interdiction à la vente des armes d'assaut de
catégorie militaire et des chargeurs de munitions à haute capacité.
Avec
Reuters