Dans sa conférence de
presse du mardi 13 novembre, François Hollande a marché sur des œufs quand
il a parlé de la question du Mali. Il sait en effet très bien que si nous
intervenons, nos malheureux otages seront assassinés mais que, si nous
n’intervenons pas, nous perdrons le peu d’influence qui nous reste encore sur
le continent...
Face
à ce dilemme, son choix peut ainsi être résumé: nous n’intervenons pas mais
nous allons former ceux qui vont intervenir… en espérant que cette argutie
permettra d’éviter de froisser les Algériens qui ne veulent pas entendre parler
d’une action française...
Or,
ce que le président de la République ne semble pas avoir compris c’est qu’une
opération militaire ne se construit pas comme une synthèse entre divers
courants, à l’image de ce qui se fait lors des congrès du parti socialiste. En
la matière, alors qu’il faut des objectifs clairs et des moyens adaptés, nous sommes
au contraire dans le flou.
En effet:
1) Si l’expédition de la CEDEAO a pour
seul but d’en revenir à la situation antérieure, c'est-à-dire permettre au sud
Mali de continuer à coloniser le nord Mali, rien ne sera réglé. Une intervention
qui ne serait pas précédée du règlement politique de la question touareg
ne ferait en effet que reporter le problème tout en l’amplifiant. Or, rien n’a
été décidé quant à la nécessaire réorganisation administrative du
Mali après la reconquête de ses villes du nord car les responsables français
ont été incapables d’imposer à Bamako un véritable fédéralisme ou mieux, un
confédéralisme, en échange de l’intervention militaire.
2) Sans un étroit « coaching »
français, la force de la CEDEAO qui va se lancer à la « reconquête »
du nord Mali sera militairement incapable de mener l’opération à son terme,
c'est-à-dire jusqu’à l’éradication des groupes gangstéro-islamistes qui
occupent la région.
Entendons-nous
bien : reprendre Tombouctou et Gao ne posera aucun problème à ce mini corps
expéditionnaire ; d’autant plus que les terroristes refuseront un choc
frontal et se replieront dès le début de l’offensive pour se diluer dans le
désert. Comme leur poursuite n’est pas à la portée des troupes de la CEDEAO, le
problème aura simplement été déplacé ; notamment vers le Nord, et c’est
très précisément ce que ne veut pas l’Algérie.
Pour
que l’expédition qui se prépare soit une réussite, pour éviter que les groupes
terroristes contaminent tout le Sahara et toute la bande sahélienne, il est
donc impératif de les fixer afin de pouvoir les éliminer. C’est pourquoi les
forces françaises doivent être directement engagées. Sans compter que, même
pour la reprise des villes du Nord, leur présence effective est une nécessité,
ne serait-ce que pour donner un minimum de cohésion à des forces disparates,
pour éventuellement être en mesure de les « engerber » et de leur
fournir une colonne vertébrale.
Le
président de la République ayant clairement déclaré lors de sa conférence de
presse que tout cela était hors de question, il est donc d’ores et déjà
possible d’annoncer que la question du terrorisme sahélien fera encore
l’actualité dans les prochaines années.