Le 25e Salon du
livre de Mouans-Sartoux s’est achevé hier soir. Qu’il soit teinté de
« vert et rose » n’empêche pas qu’il soit un évènement littéraire
majeur de la région PACA. Mais impossible pourtant que l’on puisse parler de « De
gaulle » qui fut, en son temps et quand il a eu besoin d’elle, un
véritable allié de la « gauche ».
De
quoi a-t-on parlé alors ? De l’Algérie bien sûr ! Mais qui en a
parlé ?
Tout
d’abord l’auteur d’un livre en association avec Benjamin Stora (quelle
référence !). Mais ce qui est grave, et un tantinet ridicule, c’est
que le titre de ce livre « La guerre d’Algérie vue par les
Algériens » est écrit par un « Français » Renaud de
Rochebrune.
Que
des Algériens expliquent leur guerre d’Algérie c’est leur droit et même, pour
certains, un devoir, mais qu’un métropolitain ait l’outrecuidance de signer de
son nom un tel livre dépasse l’imagination. Sa « quatrième de couverture »
indique qu’il s’agit de « cette guerre telle quelle a été vue, vécue
et relatée par les Algériens, et en premier lieu par les militants et
combattants indépendantistes. Comme l’aurait fait, en historien, un
hypothétique envoyé spécial français ».
Je
me permets de signaler à ce journaliste-écrivain et rédacteur en chef de « Jeune
Afrique » qu’il y avait de « réels » envoyés spéciaux sur
le terrain, aussi bien Français qu’Algériens et qu’ils ne l’ont pas attendu
pour écrire « leur » guerre.
Ensuite
nous avons bénéficié de l’expérience inédite d’un écrivain Arabe, Ben Salama,
qui nous a informé que si l’Islam n’aimait pas l’Occident c’est parce que tous
les pays islamisés, à part la Turquie, avait été occupés depuis 1917 par les
occidentaux. Oubliant d’ajouter que l’Islam avait durant des siècles occupé de
nombreux pays occidentaux, y compris l’Algérie. Il poursuivait ses incongruités
en affirmant que «la charia » s’était pratiquée en Algérie même sous
l’occupation française (qui autorisait ces pratiques pour éviter des problèmes)
et ce jusqu’en 1962.
Ben
Salama n’a probablement jamais vécu en Algérie avant cette date, compte tenu de
son âge, mais moi oui et je n’ai jamais ni vu ni entendu dire qu’une femme
musulmane adultère avait été lapidée, qu’un voleur avait eu sa main coupée et
qu’un enfant avait été sodomisé…mais peut-être a-t-il des exemples ?
Enfin
un jeune journaliste du « Monde », Pierre Daum (a-t-il au moins
mis une fois les pieds en Algérie ?), dans une livre intitulé « Ni
valise ni cercueil », nous a longuement entretenus sur les 200.000
Pieds-Noirs qui seraient restés en Algérie après l’indépendance sans subir la
moindre violence (sic). Ce chiffre est totalement fantaisiste. Le consulat de
France n’a enregistré que quelques milliers de résidents, environ 50.000 et pas
davantage. Sur ces 50.000 plus de la moitié n’étaient que des personnes âgées
qui n’avaient jamais « vu » la France et qui, n‘ayant pas de famille,
préféraient mourir sur « leur » terre, une autre partie était des
fonctionnaires « obligés » de rester sur place malgré leur désir de
partir et enfin ceux que l’on doit appeler les « Pieds-Rouges » qui
sont restés par idéologie et parce qu’ils espéraient des postes et une
reconnaissance qu’ils n’auraient jamais obtenu en France et qui « tous »
ont été jetés à la mer le plus rapidement possible.
Sans
doute a-t-il occulté de sa théorie les plus de 3000 oranais innocents enlevés
et assassinés durant la première semaine de juillet 62, et sans doute ne
parlait-il pas non plus des Harkis. Effectivement ces dizaines de milliers de cadavres
n’ont eu besoin « ni de valise ni de cercueil »
La
première phrase de sa « quatrième de couverture » donne le ton : « Dans
l’imaginaire collectif on a parlé d’un exode massif…etc. ». J’imagine
aisément la suite.
Ce
25e salon était présidé par Guy Bedos, qui préfère « pérorer »
durant une heure devant un auditoire acquis plutôt que de répondre à « la
lettre ouverte » que je me suis permis de lui adresser par voie de presse
suite à son article sur « Nice Matin ».
Pour terminer notons
qu’il est dommage que ce salon soit payant surtout en période de crise et que
le social s’impose pour une municipalité de gauche.