D
|
imanche dernier, le Front de gauche était dans la rue avec à sa tête Mélenchon, l’imprécateur, dont l’ambition consiste à faire vivre à gauche de la gauche une entité politique symétrique de ce qu’est le Front national pour la droite.
Une différence saute aux yeux. Si le PS condamne les propos excessifs et le manque de réalisme de Mélenchon, il souhaite ne pas briser les liens avec l’extrême gauche. Cette absence de symétrie doit être soulignée. L’UMP continue à vouloir obtenir les voix du Front national, mais repousse avec horreur tout rapprochement. Ensuite, dans le vide sidéral de cette agence de placement électoral, les calculs personnels font jouer le curseur de la distance.¢
À gauche, on a assisté dimanche à une résurrection, celle d’une gauche marxiste, gauchiste, ivre de nostalgie dans un monde qu’elle ne comprend plus et dont elle pense résoudre les problèmes par ses incantations et ses rites. Une sorte de canard sans tête continuant sa course en ignorant le réel d’une planète où le rôle de la France et de l’Europe s’est rabougri, d’un pays où l’industrie s’est effondrée, d’un monde où la compétitivité est essentielle. Il lui fallait une tête d’emprunt qui s’appelle Mélenchon, trop intelligent pour croire un mot de sa propre démagogie, assez malin pour jouer le rôle à la perfection. Du foulard rouge à la brutalité des formules, la caricature est réussie.
Mais la course des canards sans tête est ouverte. La droite continue mécaniquement à attendre de l’échec de la gauche, c’est-à-dire celui du pays, la reconquête des territoires perdus et l’installation de nouvelles baronnies sur les fiefs déchus du PS, sans parler des palais de la République.
Une fois encore, on parle de remettre en cause les 35 heures, de rétablir la sécurité, et même de revoir la loi sur le mariage pour n’importe qui. Comme le PACS, sans doute ? Après dix ans de pouvoir, le même discours qu’en 2002 ! Voilà un canard qui cherche sa tête, et elles sont nombreuses à revendiquer cet honneur inutile.
À gauche, le canard a deux têtes : celle du P comme protectionniste et celle du S comme social-démocrate, celle qui pourfend la finance et taxe à tout va le matin, et celle qui privatise et chouchoute les patrons le soir. Cet animal-là continue à cancaner un discours de plus en plus distant de la réalité, prétendant améliorer une situation qui se dégrade de jour en jour par le respect d’un programme qu’il respecte de moins en moins.
Reste le vilain petit canard noir que la gauche juge infréquentable, elle qui fréquente les admirateurs de Castro et de Chávez, et que la droite fait semblant d’ignorer alors qu’il l’obsède. Lui persiste à penser qu’il peut gagner tout seul. Où a-t-il donc la tête ? Seul, il fera perdurer la maison familiale. Avec d’autres, il pourrait contribuer au changement radical dont la France a besoin.
Les centaines de milliers de manifestants qui ont lancé un grand mouvement de résistance contre la décadence de la civilisation et le déclin du pays ne souhaitent ni que leur élan soit récupéré, ni qu’il se réduise à une revendication mi-chèvre mi-chou. Ils veulent que leur appel au redressement soit entendu.
Pour cela, il faut que les politiques retrouvent leur tête et cessent de prendre leurs électeurs et enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.¢
Christian Vanneste, pour Boulevard Voltaire, le 12 mai 2013
Ancien député UMP et Président du Rassemblement pour la France
(posté par Marino)