Cette enquête vise à
mesurer le regret du franc. Qui dit regret du franc, dit insatisfaction
vis-à-vis de l’euro, de facto. On constate que le regret du franc est toujours
très élevé : 6 Français sur 10 disent le regretter. Ils étaient 39%
seulement en 2002, juste après l’entrée en vigueur et en circulation de l’euro
qui est intervenue en janvier 2002. Ils sont ensuite passés à 48% en juin de la
même année.
Donc,
plus on s’éloignait de l’entrée en circulation de l’euro, plus le regret du
franc progressait, pour atteindre une sorte de plafond à 61% en
2005, c’est-à-dire 3 ans après. L’insatisfaction est encore montée d’un
cran en 2010 à la faveur de la crise de l’euro, à 69%, et elle est ensuite redescendue
légèrement, mais on reste au plafond atteint au mois de juin 2005 : près
de 6 Français sur 10 disent regretter le franc.
UN SONDAGE ÉDIFIANT...
À la question
"onze ans après l'introduction de l'euro, regrettez-vous le franc",
quelque 62% des personnes interrogées ont répondu par l'affirmative avec un
taux de 70% chez les femmes contre 54% chez les hommes.
"Le premier
enseignement de ce sondage est que, contrairement à ce que les promoteurs de
l'euro avaient annoncé, (...), loin de s'estomper, le souvenir du franc et
les critiques envers l'euro sont renforcés, notamment à l'occasion de la
crise économique et financière", explique le directeur du département
opinion publique de l'Ifop, Jérôme Fouquet cité par le site.
Il relève ainsi que
les nostalgiques de la monnaie française étaient "39% seulement en
2002", juste après l'entrée en vigueur de la monnaie unique pour passer
ensuite à 48% en juin de la même année. En 2005, les insatisfaits étaient
61%, avant de monter à un pic de 69% en 2010 en raison de la crise.
JDD
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Le
premier enseignement de ce sondage est que, contrairement à ce que les
promoteurs de l’euro avaient annoncé, ce n’est pas parce que le temps s’est
écoulé depuis l’entrée en circulation de l’euro que le regret du franc a
disparu. Certains avaient pensé que mécaniquement, le temps faisant son
œuvre, les Français s’habitueraient à cette nouvelle monnaie, et que le
souvenir du franc s’estomperait petit à petit. Cela fait maintenant 10
ans, il existe donc une génération entière qui n’a pas connu le franc, et qui
n’a connu que l’euro. Pour autant, le niveau de regret reste élevé, et a même
considérablement progressé par rapport aux mesures faites quelques mois après
l’entrée en circulation de l’euro. Donc, loin de s’estomper, le souvenir
du franc et les critiques envers l’euro sont renforcés, notamment à l’occasion
de la crise économique et financière, ce qui explique le pic de 2010.
Afin
de comprendre pourquoi ce mécontentement vis-à-vis de l’euro s’enracine, deux
dimensions importantes sont à prendre en compte. La première, c’est l’idée
qui est très vite apparue et qui s’est rapidement ancrée, selon laquelle le
passage à l’euro se traduit par une envolée des prix et une valse des
étiquettes. Le regret du franc s’explique par le regret d’une époque, plus
ou moins idéalisée, à laquelle les prix des biens de consommation courante
étaient plus raisonnables. Cela explique pourquoi le regret du franc a
progressé de façon rapide au fur et à mesure que les prix se sont envolés et
que les tensions sur le pouvoir d’achat, qui sont un problème récurent de la
vie politique et sociale française depuis longtemps maintenant, se sont
installées.
La
deuxième critique est plus politique : il existe un mécontentement
vis-à-vis de la construction européenne qui n’a cessé de croître ces dernières
années avec le déclenchement de la crise de l’euro. Cela explique que l’on
ait atteint le pic de 69% de Français qui regrettent le franc en février 2010,
au paroxysme de la crise de la zone euro.
Aujourd’hui, rien n’est réglé dans le
fond, mais depuis les décisions de cet été lors du sommet européen, la pression
sur la zone euro a reflué, et cette thématique n’est plus aussi centrale dans
le débat public. On n’annonce plus tous les matins la banqueroute de l’Espagne
ou de l’Italie et l’explosion de la zone euro. Les inquiétudes sont encore
vives mais moins fortes. Tout cela contribue, avec un mécontentement plus pragmatique
au sujet de la hausse des prix, à entretenir la nostalgie du franc.
Réponses à la question : "Regrettez-vous le Franc ?"
Atlantico
(posté par Marino)