L'insoutenable suspens
vient donc de prendre fin et le feuilleton « Dallas » en version
Française a fini par trouver son épilogue avec
la nomination sans fanfare mais avec tintamarre de Jean-François Copé à la tête de l'UMP.
L'accouchement
s'est plutôt mal passé dans sa phase terminale et la mise bas s'est faite dans
la douleur et dans les cris, alors que la grossesse avait été relativement
calme et sereine durant la gestation, les deux prétendants au trône n'ayant pas
manqué devant les caméras d'afficher un semblant de camaraderie et de
complicité, certes feintes, mais de nature à faire croire que cette course à la
présidence de l'UMP n'était pas une guerre fratricide, une guerre des chefs,
mais uniquement l'affichage de deux caractères différents, en phase et en
osmose sur l'essentiel, unis sur un objectif commun... servir la France au
travers du parti désormais d'opposition à la gauche.
La
griserie des estrades de meeting et la soif de pouvoir auront finalement fait voler
en éclat toutes ces bonnes intentions et cette course à l'échalote aura réussi
à tourner au pugilat, à l'affrontement à couteaux tirés, aux échanges à
fleurets non mouchetés, aux tirs à balles réelles, duel féroce et sanglant
assez éloigné du style BCBG dont cherchaient à s'affubler les deux
protagonistes pourtant bien propres sur eux, qui, il n'y a pas si longtemps se
gaussaient avec délectation des démêlés
internes au PS, englué dans ses rivalités d'individus, sans oublier bien
sur la participation active des lieutenants de chaque camp qui n'auront pas été
les derniers à alimenter la mayonnaise avec des déclarations acides,
assassines, et pas toujours d'une grande élégance, pour la plus grande
satisfaction des journalistes de caniveaux, toujours friands et en quête de la
« petite phrase de trop », seul fonds de commerce qu'ils soient
capables d'exploiter correctement.
Le
vernis a craqué la façade s'est lézardée et nous avons pu constater que les
ténors de la Droite dite « Républicaine » n'avaient pas grand-chose à
envier à leurs homologues socialistes confrontés eux aussi à ces mêmes
comportements dès lors qu'il y a un fauteuil confortable à prendre et qu'il est
convoité par plusieurs.
N'y aurait-il pas
parmi nos nombreux dictons et adages une histoire de poutre, de paille, de
voisin....qui pourrait correspondre à ce pitoyable spectacle ?...
Sans
doute que cet accouchement sans anesthésie et la délivrance aux forceps va
laisser des traces, car la cicatrice est large, profonde, sanguinolente, et la
convalescence risque d'être longue et difficile. Il va sans doute falloir pour les partenaires d'hier et
adversaires d'aujourd'hui attendre quelques temps pour avoir de nouveau des
rapports amoureux (politiquement bien sur !)
Le
constat amer qu'il est donc possible de faire au terme de cet épisode fâcheux
pour la droite est que non seulement le pays est coupé en deux électoralement
au plan national, ce que l'on constate depuis la fin de la dernière guerre avec
les alternances systématiques gauche/droite ou droite/gauche, mais nous voyons
que pour compliquer encore un peu plus la situation, au sein d'un même parti
qui se voudrait majoritaire, il n'y a
pas unité mais division.
On
est donc assez loin de pouvoir espérer voir s'instaurer une unité nationale qui
serait pourtant nécessaire face aux dangers qui nous menacent, mais dont
l'élite politicienne ne semble pas appréhender l'urgence... Et le mot
« rassemblement » utilisé à tout va en permanence durant cette
campagne ne semble pas le plus approprié pour décrire la situation devant
laquelle se trouve aujourd'hui ce parti qui déjà sérieusement blessé et mis à
mal suite lors des derniers rendez-vous électoraux, n'aura pas été en mesure de
renaître dans de bonnes conditions.
Reste
à savoir maintenant quelle sera la stratégie envisagée par le nouveau patron et
surtout quelle sera l'attitude des sympathisants, adhérents, militants du parti
qui auront vécu ce psychodrame en direct, aux premières loges et qui se trouvent aujourd'hui répartis en
deux clans, les vainqueurs et les vaincus.
En tout cas bravo et
merci messieurs Copé et Fillon pour nous avoir distraits et divertis en nous
faisant oublier durant quelques heures nos préoccupations quotidiennes avec ce
spectacle haut en couleur, à la fois mi-comique et mi-tragique, moitié comédie,
moitié mélodrame.