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anuel Valls a-t-il commis une faute lourde entrainant
la mise en danger des Français vis à vis de l’islamisme radical ? C’est ce
qu’ont demandé à l’Assemblée nationale plusieurs parlementaires,
dont Gilbert Collard (FN) et Jean-Frédéric Poisson (LR) en
novembre, après les attentats de Paris. Manuel Valls – qui
dispose d’un délai maximum de deux mois pour donner une réponse,
obligatoire dans notre système républicain – ne s’est toujours pas exprimé, un
mois après, à ce sujet (Voir l’article de FPI-Le Gaulois).n
La source de ces
interrogations ? Les révélations, dans « Valeurs Actuelles »,
de Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur de 2008
à 2012, c’est-à-dire au centre de l’appareil d’État jusqu’à l’arrivée de
François Hollande au pouvoir. Lâchement débarqué par l’actuel Premier ministre,
comme il l’avait confié au journal « Corse-Matin », M.
Squarcini était pourtant en pointe dans l’information et le renseignement pour
lutter contre le terrorisme islamiste.
Il dit avoir d’ailleurs
proposé ses services, deux ans avant les attentats de Paris, au gouvernement
français. À propos de ces Français de papier étant partis en Syrie – et dont
certains reviennent en France pour y mener la guerre sainte, M. Squarcini
explique : « Il y a déjà deux ans, les services syriens m’avaient
effectivement proposé une liste des Français combattant en Syrie. J’en
avais parlé à mon ancien service qui en a rendu compte à Manuel
Valls. La condition des Syriens était que la France accepte de
coopérer à nouveau avec leurs services de renseignements. On m’a opposé un
refus pour des raisons idéologiques.» Il lâche ensuite: « C’est dommage
car la proposition était une bonne amorce pour renouer nos relations et
surtout, pour connaître, identifier et surveiller tous ces Français
qui transitent entre notre pays et la Syrie. Résultat : on ne sait
rien d’eux et on perd beaucoup de temps en demandant des informations
aux agences allemandes, qui sont toujours restées sur place, mais
aussi jordaniennes, russes, américaines et turques. On n’est
absolument plus dans le concret. »
Le
Premier ministre est-il gêné à ce point sur ce sujet sensible –
voire vital pour la sécurité de nos concitoyens – qu’il cherche
à gagner du temps ? Il est vrai que la
politique étrangère désastreuse menée par François Hollande vis à vis de la
Syrie (et de la Russie), contre Bachar El Assad et aux côtés de certains
groupes islamistes, amène des interrogations. En 2012, Laurent Fabius, ministre
des Affaires étrangères, « conscient de la force de ses propos »,
déclarait que M. Assad « ne mériterait pas d’être sur la terre »,
ce qui constituait presque un appel au meurtre de la part d’un haut placé de la
République. En 2014, Bernard Squarcini, déjà lui, expliquait : «Depuis
l’arrivée de Laurent Fabius au Quai d’Orsay, tous les ponts ont été coupés avec
Damas parce que Paris mise sur la chute du régime (…). Tous les djihadistes
français partent là-bas. Comment les arrêter s’il n’y a plus de contacts, plus
de négociations ?». Trois années après et quelques attentats plus
tard commis sur le sol français, celui qui souhaitait la mort du président
syrien et de son régime estime désormais qu’aucune solution politique au
conflit syrien ne pourra être trouvée sans Bachar El Assad et qu’il
faut donc coopérer. Selon un observateur, « Ce revirement témoigne, s’il en
était besoin, de l’inconsistance de la politique étrangère conduite par
François Hollande. »
Manuel
Valls n’a plus qu’un mois pour répondre désormais à une question qui pourrait
clairement remettre en cause – au nom des valeurs de la République – son rôle
dans la gestion de la France.n