jeudi 28 mars 2013

Champs-Élysées, 24 mars 2013 : la fracture – par Georges Clément

L
a gauche, arrivée au pouvoir sans que nul n’y prenne garde, avec seulement 30% des inscrits, s’arroge le droit et le devoir de changer la civilisation.
Les Français, étrangers dans leur propre pays par la grâce des gouvernements des quarante dernières années, privés de leur souveraineté et de leur monnaie, endettés par les largesses à crédit de gouvernants qui comblèrent ainsi l’insatiable appétit des syndicats, abêtis par une régression intellectuelle orchestrée par « l’éducation nationale », se voient imposer, toujours au nom de « l’égalité », une transgression morale qui videra de tout sens leur mode de vie.¢


À force d’être dupés, par leur vote pour des potentats locaux, et ensuite de se trouver parqués par ces élus pour une fin de vie silencieuse, les Français ont perdu les modes opératoires de la révolte et ceux de la défense du Bien et de sa liberté.

Or voilà qu’à l’appel d’un groupe improbable d’animateurs sociaux, ils délaissent leur confort et descendent en masse dans les rues de Paris le 13 janvier 2013 pour réclamer qu’on les respecte.

Et ils croient que les totalitaires qu’ils ont placés au gouvernement vont les entendre, mieux, les écouter.

Mais ceux-là qui sont ministres, sont aussi marxistes, gramcistes, voire trotskistes, et pensent qu’ils sont le Bien, au moins l’Avenir, et qu’eux dans la rue, sont la piétaille enfermée dans ses traditions morbides, et qu’ils doivent les en extraire.

On va leur changer la vie.

On va les faire changer de civilisation.

Et ce sont des incultes venus de bien des régions du monde qui veulent accoucher d’une « civilisation » qui illuminera ces Gallo-Romains attardés.

Alors, ces derniers constatent qu’on se moque d’eux et se réveillent. Certes il est un peu tard pour ceux qui depuis vingt ans les appellent à la lucidité, mais enfin, les écailles leurs tombent des yeux et ils reviennent à Paris le 24 mars, plus nombreux.

Les autres, ceux qui sont installés dans les palais nationaux, les ignorent. Celui qui a la charge du maintien de l’ordre se rend au spectacle. Monsieur Valls, applaudit madame Valls quand plus d’un million de citoyens le conspue : c’est dire s’il s’en inquiète !

Les voici ces Français, entassés dans un corral allant de l’Arc de Triomphe de l’étoile à celui de la Défense.

Et quelques chefs de patrouille affublés d’une femme de spectacle, les ont dotés de bleu pastel, de rose bonbon et de blanc seringua.

On leur dit qu’ils ont raison, que c’est intolérable, mais qu’il faut respecter la loi, alors qu’on les a conviés à la contester, et même encouragés à y désobéir si d’aventure elle devait être adoptée.

Au  pied du podium sur-sonorisé, certains ont apporté des drapeaux français. Pensez-vous qu’ils soient naïfs ! Comme s’il s’agissait de défendre la Patrie !

Mais eux sont venus sauver la France du désastre. Rien d’autre ne pouvait réunir autant de peuple.

Et les plus jeunes, qui savent que les illégitimes sont ceux qui écrivent la loi veulent l’imposer, passent les barrières et se répandent sur la place de l’Etoile en chantant la Marseillaise et en criant « Hollande démission ».

Les policiers, gendarmes et CRS n’y croient pas, ne s’opposent pas vraiment, mais ferment les Champs-Élysées en hâte.

La grande masse ne suit pas, écoutant les joueurs de flûte sur leur podium perchés. Il y a même des Raffarin pour oser venir leur faire la leçon, alors qu’il approuvait il n’y a guère le mariage entre messieurs et entre dames. Mais devant un million de votants, on n’est pas à un mensonge près.

Avenue Foch, des Français appuyés contre les barrières sont aspergés, les yeux dans les yeux, par d’autres Français casqués qui épinglent à leur tableau de chasse un vieil homme, peut-être leur père, et quelques enfants (Neveux, cousins, frères, fils ?).

Est-il possible que derrière la tenue de samouraï du 21ième siècle on perde toute affection, toute fidélité ? Même certains mercenaires ont plus d’honneur.
Enfin, on laisse libre la moitié de l’Etoile mais on empêche la venue de ceux des avenues Foch et Carnot. Sur quel prétexte, ceux-là plutôt que ceux-ci ?

D’ailleurs, ayant remis en place un cordon de CRS en haut de la Grande Armée là où la brèche a été ouverte et alors que l’Etoile est toujours occupée par des centaines de manifestants que l’on ne chasse pas, on le retire aussitôt.

Alors qu’on croit bloquer les Champs-Élysées à l’Etoile et qu’on fait le méchant avenue Foch, on laisse ouvertes les rues donnant sur les Champs-Élysées et par lesquelles la foule s’y rend sans encombres.

Çà et là, des escouades de gendarmes ou de CRS parlent aux citoyens en colère, ailleurs, à quelques dizaine de mètres on les matraque, la police discute calmement avec les manifestants ici, avec un brassard elle réprime violemment là.

On sent les ordres et les contre-ordres, les sympathies et les antipathies, c'est-à-dire une confusion et une déchirure au sein même de l’appareil de maintien de l’ordre.

Enfin, on comprime ceux qui sont installés au Rond-point des Champs-Élysées et que l’immense foule de leurs amis n’a pu rejoindre sur l’ordre d’une Barjot en rose qui réclame de l’autorité qu’elle charge les « fachos » qui sont sur les Champs-Élysées.

E Si cette masse avait suivi, la cinquième république eût vécu sa dernière nuit et le pays aurait peut-être pu reprendre en main son destin.

L’Histoire dira s’il s’est agi d’une erreur des organisateurs ou de leur volonté d’empêcher l’aboutissement du mouvement.

S’il s’avère qu’ils étaient en « mission », leur responsabilité sera lourde et il faudra qu’ils rendent des comptes. Car, au point où nous en sommes, la Constitution est morte, et seul un nouveau régime, réécrivant les règles de l’état et ne signant que les engagements nécessaires après s’être retiré des traités, pourra offrir un avenir au nom de France.

En 1958, cela s’est accompli grâce à la révolte et dans l’illégalité jusqu’à la régularisation offerte par un homme d’état nommé René Coty.

E En 2013, rien de tout ceci n’existe, ni hommes d’état, ni armée patriote et forte. Du Peuple seul pourra surgir l’âme qui refondra la nation.¢

Georges Clément, Écrivain, Membre du Comité de Lépante
Ancien membre du Conseil national souverainiste
Ancien vice-président de la Voix des Français
Ancien président de SOS Spoliations et violences
Ancien président du Comité francilien de défense du Franc

La décadence

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