SONDAGE - Une étude de
l'Ifop pour Le Figaro montre que la montée du communautarisme des musulmans
accentue leur rejet par l'opinion.
La
communauté musulmane de France s'apprête à fêter, vendredi, sa plus grande fête
de l'année, Aïd-el-Kébir, également dénommée Aïd-el-Adha, fête du sacrifice.
Elle intervient au lendemain du rassemblement de millions de pèlerins, jeudi,
sur le mont Arafat près de La Mecque. Cette fête commémore l'acte de sacrifice,
interrompu par l'ange, du fils d'Ibrahim (Abraham dans la tradition juive).
Elle voit donc les familles musulmanes immoler, après le sermon de l'aïd, un
mouton ou un bélier, parfois un bovin ou une chèvre, couché sur le flanc gauche
et la tête tournée vers La Mecque.
Une
fête qui tombe dans une France qui conteste de plus en plus cette religion,
comme le démontre un sondage exclusif de l'Ifop pour Le Figaro, mais
aussi des faits spectaculaires comme l'occupation symbolique, samedi dernier,
de la mosquée de Poitiers. «Notre sondage, explique Jérôme Fourquet, directeur
du département opinion de l'Ifop, démontre une évolution qui va dans le sens
d'un durcissement supplémentaire des Français vis-à-vis de cette religion et
d'une perception négative renforcée de l'islam. Même si une proportion non négligeable
de Français, 40 %, continue à se dire indifférente à la question de la
présence de l'islam en France.»
Ce
qui explique, à ses yeux, un tel durcissement - 43 % des sondés considèrent
l'islam comme une «menace» - est lié à une «visibilité» fortement accrue de
l'islam sur la scène publique et médiatique. «Ces dernières années, il
n'est pas une semaine sans que l'islam, pour des questions sociétales,
voile, nourriture halal, ou pour une actualité dramatique, attentats, ou
géopolitique, n'ait été au cœur de l'actualité.» D'où cette autre impression:
60 % pensent que cette religion a désormais «trop d'importance». Ils
étaient 55 % il y a seulement deux ans. Ceux qui se disaient indifférents
à cette question passent de 41 à 35 %.
Une
analyse qui apparaît du reste très nettement quand les questions sont posées
sur le voile islamique ou sur la construction des mosquées. En 1989, 33 %
des sondés se disaient favorables à la construction des mosquées. Ils ne sont
plus que 18 %. Pour le voile dans la rue, et sur la même période, les
personnes opposées passent de 31 % à 63 %. Et les indifférents ont quasiment
fondu de moitié pour n'être que 28 %. Quant au voile à l'école, le feu
rouge écarlate s'allume puisque l'on passe sur la même période de 75 %
opposés à 89 %! Les indifférents chutant de 17 % à 6 %…
LES AVIS
NÉGATIFS CONVERGENT
Sur
ces sujets précis, très repérables dans la vie de tous les jours, «les avis
négatifs convergent, constate Jérôme Fourquet, et l'on ne voit pas comment ils
pourraient désormais s'inverser». On vérifie ainsi cette «radicalisation de
l'opinion publique et cette baisse de l'indifférence vis-à-vis de l'islam»,
note ce spécialiste des sondages. Quand on demande aux Français quelles sont
«les causes» de ce rejet: le «refus de s'intégrer à la société française» passe
de 61 à 68 % en deux ans. «Les trop fortes différences culturelles» de 40
à 52 % et «le fait que les personnes d'origine musulmane soient regroupées
dans certains quartiers et certaines écoles» de 37 % à 47 %. Quant à
la question des «traits d'image associés globalement à l'islam», le «rejet des
valeurs occidentales» arrive très largement en tête.
Tout
se passe comme si les marqueurs du communautarisme étaient devenus
insupportables aux Français, qui ne voient, au passage, aucun effet des
«actions ou des budgets des pouvoirs publics» pour l'intégration.
Enfin,
pour ce qui est de la politique, une évolution a particulièrement été repérée
par Jérôme Fourquet. Il constate qu'une «digue» vient de céder. Elle séparait
le refus - constant depuis 1989 - de partis politiques se référant à l'islam et
une certaine bienveillance pour des élus locaux, voire des maires musulmans.
Cette hostilité de principe à ces élus - très forte en 1989, avec 63 % -
s'était atténuée jusqu'à 33 % en 2010. Mais cette hostilité aux élus locaux
musulmans vient subitement de remonter à 45 %.
Le Figaro
(posté par Marino)